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Double matérialité CSRD : comprendre, analyser et agir

25/07/2025



Depuis l'entrée en vigueur de la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), la double matérialité est devenue un pilier incontournable du reporting extra-financier. Elle demande aux entreprises de regarder à la fois les effets des enjeux ESG (environnement, social, gouvernance) sur leur performance financière et leurs propres impacts sur le monde extérieur.

 

Dans cet article, on fait le point sur ce que signifie la double matérialité, comment la mettre en place concrètement, et pourquoi un accompagnement compétent peut faire gagner du temps et de la clarté.

 

Qu'est-ce que la double matérialité ?

 

C’est une approche qui oblige les entreprises à examiner deux angles :

  • La matérialité financière : comment les enjeux ESG pourraient influencer la situation économique de l’entreprise (risques, opportunités, valeur)

 

  • La matérialité d’impact : quels sont les effets les activités de l’entreprise sur la société, l’environnement et les droits humains.

 

L’objectif est de croiser les attentes internes et externes pour prioriser ce qui compte vraiment.

 

La différence entre simple matérialité et double matérialité
 

Une analyse de matérialité classique ne tient compte que des risques internes. La double matérialité ajoute une lecture extérieure.


Exemple : une entreprise textile regarde à la fois le risque que le changement climatique fait peser sur sa chaîne d’approvisionnement (matérialité financière) et l’impact environnemental de ses pratiques de production (matérialité d’impact).

 

La double matérialité dans la notation ESG

 

Dans le cadre de la notation ESG, la double matérialité devient un véritable facteur de différenciation. Les agences de notation ne se limitent plus à l’analyse des risques pour l’entreprise : elles évaluent aussi la manière dont celle-ci intègre ses enjeux matériels, issus du croisement entre dimensions environnementales, sociales et financières, dans sa stratégie. Cette approche renforce la transparence et crédibilise les engagements RSE auprès des investisseurs, clients et partenaires.

 

Comment évaluer la matérialité d'impact ?

 

L’évaluation de la matérialité d’impact repose sur quatre critères, recommandés par l’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group, l’organisme en charge de l’élaboration technique des standards européens de durabilité) et les standards ESRS (European Sustainability Reporting Standards, les référentiels techniques dans le cadre du reporting CSRD) :

  1. Ampleur de l’impact  : combien de parties prenantes ou de systèmes sont concernés ?
  2. Gravité de l’enjeu : quelle est la sévérité de l’effet ?
  3. Capacité de remédiation ou d’action : l’entreprise peut-elle réduire ou annuler cet impact ?
  4. Probabilité d’occurrence : à quel point l’impact est-il probable ?

Ces points servent à hiérarchiser les enjeux selon leur importance réelle, sans se limiter à une approche financière.

 

Quelles entreprises sont concernées ?

 

La CSRD est entrée en application en 2024, avec des critères selon le nombre de salariés et le chiffre d’affaires. 


Le projet de simplification Omnibus, publié en février 2025, a repoussé de deux ans l'échéance pour certaines entreprises, initialement concernées à partir de 2025 ou plus tard.


À court terme, seules les entreprises soumises à la CSRD dès 2025 sur l’exercice 2024 sont tenues de publier leur premier rapport. 

 

Une nouvelle version de la directive est en cours de préparation par la Commission européenne. Elle devrait être présentée en 2025 et inclure des ajustements à la fois sur les critères d’éligibilité et sur les standards de reporting.


Les entreprises qui sortiront du périmètre CSRD pourront s’appuyer sur le standard VSME (Voluntary Sustainability Reporting Standard for Non-Listed SMEs). Ce référentiel volontaire propose un cadre allégé de reporting extra-financier, plus adapté aux PME non cotées.

 

Comment mener une analyse de double matérialité  ?

 

Voici les principales étapes recommandées :

  1. Identifier les parties prenantes : collaborateurs, actionnaires, clients, ONG, collectivités, fournisseurs, etc. Leur implication permet de comprendre leurs attentes et d’enrichir la vision des enjeux ESG.
  2. Lister les enjeux ESG : ceux liés à l’activité et à la chaîne de valeur, à partir des standards ESRS.
  3. Évaluer chaque enjeu sur deux axes : effet sur la société et l’environnement (matérialité d’impact) et conséquences financières des risques et opportunités pour l’entreprise (matérialité financière à court, moyen ou long terme);
  4. Organiser des ateliers de priorisation avec les équipes concernées : pour croiser les perceptions des parties prenantes et des dirigeants afin de hiérarchiser les enjeux. L’objectif est de construire une vision partagée, alignée avec la stratégie de l’entreprise.
  5. Construire une matrice de double matérialité : pour positionner les enjeux selon leur importance sur les deux axes (impact sociétal / impact financier). C’est la base du rapport de durabilité (CSRD).

Quels outils mobiliser ?

 

Pour évaluer la double matérialité, plusieurs leviers existent :

  • Questionnaires en ligne et enquêtes ciblées
  • Entretiens qualitatifs
  • Ateliers collaboratifs (type design thinking)
  • Outils d’analyse ESG adaptés à votre secteur
  • Grilles d’évaluation alignées avec les normes ESRS et GRI

 

Travailler avec un cabinet expérimenté permet d’aller plus vite, avec une méthode solide, bien documentée et conforme aux attentes réglementaires.

 

Pourquoi se faire accompagner ?

 

La CSRD est technique, exigeante et évolutive. Elle mobilise des compétences variées : finance, RSE, conformité, communication.


Un accompagnement vous aide à :

  • Clarifier vos obligations
  • Organiser la collecte et l’analyse des données
  • Rédiger un rapport solide
  • Impliquer les bons interlocuteurs en interne

 

C’est aussi une façon de relier obligations réglementaires et vision stratégique.

Par ailleurs, une analyse rigoureuse de la double matérialité permet de :

  • Mieux anticiper les risques
  • Valoriser les actions positives
  • Renforcer la confiance des investisseurs et des équipes

 

Avec les bons appuis, cette démarche devient un levier de cohérence et de crédibilité.

 

En résumé


La double matérialité n’est pas qu’un exercice de conformité. C’est un moyen concret de mieux comprendre son activité, ses priorités et ses responsabilités.

Rigueur, clarté et engagement sont nécessaires. Avec le bon accompagnement, cette obligation devient une vraie opportunité de structuration et de projection.

 

Laurence Beck, cheffe de projet éco-conception, offre et stratégie responsables

 

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