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Allée d'un supermarché entre 2 rayons de produits alimentaires

Affichage environnemental : mieux informer les consommateurs, faire bouger les filières

22/07/2025



Choisir un produit alimentaire, ce n’est pas toujours simple. Entre les labels, les mentions d’origine, les promesses de durabilité ou de « bon pour la planète », difficile de s’y retrouver. Depuis la loi Grenelle de 2009, la France réfléchit à une solution : afficher l’impact environnemental des produits, en parallèle de leur prix.

Relancée en 2021 par la loi Climat et Résilience, l’initiative entre aujourd’hui dans une phase active. Une consultation technique sur l’affichage environnemental est en cours jusqu’en septembre 2025, pilotée par l’ADEME et le ministère de la Transition écologique, avec le concours d’un comité d’experts (dont l'OFB, l'INRAE, Agroparistech et le Joint Research Center-JRC) . L’objectif : construire une méthode fiable, transparente et compréhensible, fondée sur des données scientifiques.


L’objectif de cette démarche est double : 

  • Permettre au consommateur de faire un choix plus avisé et harmonisé à l’échelle de tous les produits disponibles GMS ;
  • Inciter les producteurs et filières à améliorer leurs modes de production et mettre en place des démarches d’écoconception. 

 

Un score environnemental fondé sur le cycle de vie


L’idée est simple : attribuer à chaque produit un score environnemental calculé sur l’ensemble de son cycle de vie, des matières premières à la consommation. Cette approche est inspirée de la méthode européenne Product Environmental Footprint (PEF).


Cependant, il a fallu adapter ce cadre, car la version actuelle du PEF ne prend pas suffisamment en compte certains enjeux, comme la biodiversité. Pour corriger cela, le comité d’experts a proposé plusieurs ajustements.

 

Mieux intégrer la biodiversité


Deux évolutions majeures sont en cours d’étude :

 

  • Rééquilibrer les indicateurs environnementaux : l’écotoxicité sera mise au même niveau que les impacts du changement climatique lors de la pondération finale. Les indicateurs de toxicité humaine, jugés peu robustes, seraient écartés du calcul ;

 

  • Compléter l’analyse avec des critères agricoles concrets : 5 éléments liés aux services écosystémiques sont proposés pour refléter les pratiques plus vertueuses :
  1. La taille des parcelles : plus une parcelle est petite, plus la probabilité d’avoir des zones tampons, propices à la biodiversité, est grande ;
  2. La longueur des haies : fonctions d’habitat, protection contre l’érosions, stockage de carbone, etc. 
  3. La diversité des cultures : les productions sont plus résilientes face aux maladies et aux ravageurs (par exemple) ;
  4. Le niveau de chargement territorial, c’est-à-dire la densité animale par hectare. La combinaison des productions ; animales et végétales et bénéfique pour un territoire, tant que ces élevages ne sont pas trop nombreux ;
  5. La présence de prairies permanentes : fonction de stockage de carbone, favorisation de la diversité végétale et animale, ouverture des paysages, etc.

Ces indicateurs extérieurs au cadre d’analyse de cycle de vie européen permettent de mieux traduire les effets réels d’un mode de production sur les écosystèmes.

 

Schéma récapitulatif de la méthode de calcul du coût environnemental pour les produits agro-alimentaires

 

Cette  méthode de calcul est aujourd’hui basée sur des travaux de comparaison entre les productions biologiques et conventionnelles françaises. Des travaux sont en cours, en partenariat avec d’autres labels, pour enrichir les données utilisées.  

 

Ecobalyse : un outil en ligne pour modéliser les scores


Pour que les professionnels puissent tester et simuler leurs scores environnementaux, un outil libre est en cours de développement : Ecobalyse. Il s’agit d’une plateforme en ligne, gratuite et open-source, qui permet de modéliser les impacts environnementaux d’un produit.


Aujourd’hui, Ecobalyse couvre les secteurs agroalimentaire et textile. D’autres suivront, comme l’ameublement ou les transports. 

 

Le but est de créer un référentiel technique unique et transparent pour accompagner les acteurs vers une production plus responsable, par exemple dans le cadre d’une démarche d’éco-conception.

 

Une démarche construite avec les professionnels


Pour faciliter l’appropriation de l’affichage environnemental par les filières, la méthode est co-construite avec des acteurs de terrain. Une version simplifiée, appelée « niveau 1 », sera d’abord proposée, avec des données génériques. Elle permettra aux producteurs d’intégrer rapidement cette logique à leur activité.


Des niveaux 2 et 3 suivront, avec des données plus fines et des calculs personnalisés, utiles dans une démarche d’amélioration continue.

 

Mise en route


La fin de la consultation technique avec les professionnels est prévue pour automne 2025. En attendant, l’ensemble des travaux et des outils de prise en main de l’outil Ecobalyse sont disponibles sur le site dédié. L’outil, bien qu’en amélioration continue, peut être testé en ligne gratuitement. 
 

Pour participer aux débats, un canal Mattermost est ouvert à tout professionnel. Un fichier Word à compléter est aussi disponible pour proposer des améliorations de l’outil. Une série de webinaires techniques est disponible au visionnage pour mieux s’approprier la méthode. Deux autres webinaires auront lieu courant septembre, sur les sujets des emballages et des transports. 

 

Ce projet d’affichage environnemental, d’initiative française, a pour ambition de s’harmoniser avec une nouvelle version de la méthode Product Environnemental Footprint de l’Union Européenne à partir de 2026. 

 

Alizé Baranger, consultante ACV et éco-conception


 

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